Déconfinement : permettre le retour au bien-être au travail
Absente du protocole de déconfinement, la question de la santé psychique est au cœur de dispositifs mis en place par les entreprises pour préparer le retour au travail sur site. Tel le sas de décompression que propose HR Consultancy Partners pour restaurer du bien-être au travail.
Mieux vaut prévenir que guérir. Entre la prolongation du télétravail imposé, les modifications de l’organisation et des horaires de travail, un retour au bureau avec la peur de prendre des risques pour sa santé (une inquiétude pour 65% des personnes actives en France selon l’étude Monster/YouGov menée quelques jours avant le déconfinement), la précarité économique en guise d’épée de Damoclès, etc., les facteurs de risques psychosociaux s’additionnent actuellement. Le baromètre Empreinte Humaine/Opinion Way sur l’état psychologique des salarié·es français·es après 2 à 3 semaines de confinement indiquait d’ailleurs qu’un quart était en risque de dépression nécessitant un traitement. Parmi ces salarié·es, 20% de managers qui ont souffert d’une détresse psychologique élevée. Au-delà de ces chiffres, chaque personne a vécu une situation inédite pendant deux mois qu’il s’agit de prendre en compte pour aborder le retour au travail sur site. Si le protocole national de déconfinement pour les entreprises a ignoré les risques relatifs à la santé mentale, des entreprises les anticipent en mettant en place des dispositifs d’accompagnement de leurs salarié·es.
Ôter son « vêtement » du confinement par un travail sur le sens
Le sas de décompression conçu par le cabinet de conseil en ressources humaines HR Consultancy Partners (HRCP) en est un exemple. S’appuyant sur les travaux de Karl E. Weick sur l’élaboration du sens dans les organisations, il vise à restaurer du bien-être au travail, un bien-être au sens large qui inclut la santé psychique. « Nous commençons par un travail sur le sens car la perte de sens est un facteur de risques psychosociaux[1]. Cette première étape permet à la personne d’enlever son « vêtement » du confinement », explique Biljana Zaric, directrice du développement capital humain chez HRCP. Premier public concerné, les managers, sans cesse sur le pont pendant le confinement. Il est nécessaire qu’ils·elles puissent se poser, prendre du recul et construire leur propre sens par rapport à la période que nous vivons. Certain·es se sont rendu compte des difficultés du management à distance, sans savoir faire autrement que d’être dans le command & control et sans avoir verbalisé leurs difficultés. Ce sas de décompression organisé en visioconférence d’environ 10 personnes, animé par un·e consultant·e qui aide la personne à se poser les bonnes questions, permet l’introspection et la prise de recul lors d’un travail avec un collectif. À l’issue de cette étape, « les managers sont formé·es afin de pouvoir utiliser ce dispositif dans le cadre du retour au bureau de leurs équipes, ils·elles deviennent des managers ‘sens makers’ », ajoute-t-elle.
Les forces utilisées pendant le confinement, du fil à bâtir un « habit » neuf
Un travail sur la résilience individuelle complète le travail sur le sens. « Il amène à une résilience collective, organisationnelle », souligne Biljana Zaric. Il s’appuie sur les forces utilisées par les personnes pendant le confinement pour voir comment elles pourraient les aider en période postconfinement. « Chaque personne a son propre degré de résilience, et cela se développe, sans qu’il y ait nécessairement un traumatisme au départ d’ailleurs, le sens y participe », note-t-elle. Une période où les résultats pêchent ne signifie pas que les personnes n’ont pas fourni d’efforts, il s’agit d’accepter de moindres réussites et de reconnaître ces efforts, d’accepter l’incertitude et donc, la surprise.
Sophie Girardeau
Publié le 28 mai 2020.
[1] 55% des personnes actives en France interrogé·es dans le cadre de l’étude Monster/YouGov s’interrogent sur le sens de leur travail depuis le début de la pandémie.