Le congé solidaire, qu’est-ce que c’est au juste ?
Outil de cohésion, boosteur de motivation, véritable levier de performance et symbole d’une démarche RSE concrète… Et si vous proposiez à vos collaborateurs de partir en congé solidaire ?
Qu’est-ce que le congé solidaire ?
Créé en 2000 par l’ONG Planète Urgence et soutenu par le ministère des Affaires étrangères, le congé solidaire offre l’opportunité à un salarié d’effectuer une mission en Afrique, en Asie ou en Amérique Latine pendant ses congés personnels, et ce, pour une durée de deux semaines.
Pour le salarié en mission, c’est l’occasion unique de partager et de transmettre ses connaissances et ses compétences.
Le congé solidaire n’est pas encadré par la loi mais par une association comme Planète Urgence. Financièrement, la mission peut être soutenue par l’entreprise du salarié qui peut décider une prise en charge totale ou partielle de certains frais de la mission.
Le financement par l’entreprise
Pour soutenir un collaborateur motivé par un élan de solidarité et une envie de faire la différence, l’entreprise peut donc choisir de lui apporter son soutien financier pour le billet d’avion, le visa ou le déplacement nécessaire pour la formation.
En échange de sa contribution financière au congé solidaire, l’entreprise bénéficie d’une déduction fiscale égale à 60% des montants versés, dans la limite de 0,5% du chiffre d’affaires comme le précise l’article 238 bis du Code général des impôts.
Congé solidaire : un impact pour la RSE de l’entreprise
Au-delà de la déduction fiscale, l’entreprise est évidemment en droit de questionner l’intérêt d’encourager ses collaborateurs à donner de leur temps et de leurs compétences.
A l’heure où de nombreux salariés s’interrogent sur le sens et l’utilité de leur travail, s’engager pour un congé solidaire contribue à répondre à ce besoin prégnant de mener des actions concrètes et mesurables, en dehors de la sphère professionnelle.
Si l’entreprise décide de financer la totalité ou une partie de la mission, elle démontre également sa volonté de mener une politique RSE tangible. N’oublions pas que 69% des salariés déclarent qu’ils veulent travailler pour une entreprise engagée dans une véritable démarche RSE (Etude rémunération Page Personnel 2023)
Aujourd’hui, les talents estiment que l’entreprise a un rôle social à remplir mais l’étude Monster Future of Work 2022 souligne que 28% des millenials sont sceptiques quant aux promesses faites par les entreprises concernant les attentes professionnelles, les avantages sociaux et la culture d’entreprise. Une entreprise.ne peut plus se contenter de simples effets d’annonce : elle doit accompagner son discours d’actions concrètes.
Congé solidaire : un nouveau levier de performance
Accompagner un collaborateur dans ce type de mission ne sert pas uniquement à instaurer une véritable politique de RSE incarnée par des salariés qui ont expérimenté le congé solidaire. Les ramifications positives de ce congé sont précieuses :
1. Il accroît la motivation
Quand un salarié décide de donner deux semaines de son temps pour aider les autres, on peut logiquement en déduire que c’est un projet qui lui est cher. En accompagnant son projet, l’entreprise lui envoie un signal fort de reconnaissance.
2. Il fédère les équipes
Si vous acceptez de cofinancer les missions de plusieurs collaborateurs, vous générez une culture d’entreprise incarnée et ouverte à l’autre par le biais d’un groupe engagé autour d’un projet solidaire et responsable.
3. Il fidélise les talents
Lorsque la marque employeur promeut ces congés solidaires, c’est aussi un excellent moteur de communication pour véhiculer l’engagement de salariés soutenus par une entreprise qui agit. C’est également un outil de fidélisation très précieux.
4. Il enrichit de nouvelles compétences
Sorti de son contexte habituel, il est certain que le collaborateur en mission va devoir faire preuve d’une grande adaptabilité dans un environnement qui lui est inédit. Il va également développer sa communication et son transfert de compétences auprès de publics différents, dans un contexte social et culturel qu’il ne connaît pas. Ainsi, cette mission a tout à fait sa place dans l’expérience professionnelle du salarié.
5. Il offre un avantage concurrentiel
Christelle Chauzal-Larguier et Anne Murer-Duboisset, toutes deux Maîtres de conférences à l’Université Clermont Auvergne encouragent les entreprises à faire preuve d’audace pour s’engager dans un management responsable.
Selon elles, le congé solidaire « pourrait également être envisagé comme une source de différenciation et d’amélioration de la performance globale des entreprises. » (Favoriser les congés solidaires pour développer les outils d’un management responsable).
Les conditions pour demander un congé solidaire
Si certains de vos collaborateurs font part de leur intérêt pour le congé solidaire, vous pouvez les informer des conditions émises pour partir en mission :
- L’entreprise doit être partenaire de Planète Urgence. Le cas échéant, l’association peut financer la mission via une Mission solidaire
- Le salarié doit pouvoir prendre 2 semaines de congés consécutives
- Le salarié doit pouvoir suivre deux jours de formation obligatoire (en général, un mois avant le départ en mission).
La procédure pour demander un congé solidaire
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Envoi de la candidature
Avant tout, le salarié doit trouver une mission et remplir un formulaire sur le site de Planète Urgence. Pour consulter la liste des missions de volontariat, c’est ici. Comptez un délai de 2 mois minimum entre le dépôt de la candidature et les dates de disponibilité pour partir en mission.
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Elaboration du projet
Le salarié est contacté par un chargé d’accompagnement qui va définir avec lui les spécificités de la mission. C’est à cette étape que l’entreprise confirme son soutien financier.
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Validation
La mission est acceptée par l’association locale. C’est le moment de s’occuper du visa, la vaccination nécessaire et le billet d’avion
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Préparation au départ
Le salarié participe à une session de formation obligatoire de deux jours.
Trois exemples d’actions du congé solidaire
Quand l’un de vos collaborateurs part pour l’une de ses missions, il va partager ses compétences à l’étranger via trois axes définis par Planète Urgence.
1. Préserver les forêts et la biodiversité
A l’aide de scientifiques, les volontaires accompagnent les acteurs locaux pour recenser et mettre à jour des bases de données permettant de valoriser le patrimoine naturel d’une zone déterminée.
2. Aider au développement de compétences
Les volontaires identifient les enjeux et besoins en compétences d’acteurs locaux pour proposer de la formation, de la mise en réseau ou des outils.
3. Sensibiliser à l’environnement
Les volontaires peuvent être amenés à nettoyer des écosystèmes pollués ou bien à recenser la faune et la flore.
Le Congé solidarité internationale (CSI) : qu’est-ce que c’est ?
Contrairement au congé solidaire « inventé » par l’ONG, le congé de solidarité nationale est encadré par un dispositif légal depuis 1996. Il offre à un salarié l’opportunité de participer à une mission d’entraide à l’étranger dans le but de renforcer les compétences des acteurs locaux.
- Il concerne les salariés qui disposent d’une ancienneté d’au moins 12 mois (consécutifs ou non) dans l’entreprise.
- La demande doit être faite au moins 30 jours avant le départ en mission : il s’agit d’un courrier en recommandé avec accusé de réception qui indique la durée de l’absence et le nom de l’association
- L’employeur peut refuser le congé de solidarité s’il estime que l’absence du salarié peut impacter le fonctionnement de l’entreprise
- Le CSI implique de partir en mission pendant six mois maximum à l’étranger pour une association humanitaire déclarée ou une organisation internationale dont la France est membre.
- Pendant la durée de ce congé de solidarité, le contrat de travail est suspendu. Considéré comme une période de travail, il est pris en compte pour le calcul de l’ancienneté.
- Le collaborateur n’est pas rémunéré par l’entreprise
- A son retour de mission, le salarié retrouve son poste ou un poste similaire avec une rémunération équivalente.
Le congé solidaire premier pas vers l’innovation RSE ?
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De Nathalie Dépret