Ecriture inclusive et communication d’entreprise : conseils à suivre
« Vendeur, vendeuse », « directeur, directrice ». Bien que le genre féminin fasse partie de la langue française, le débat autour de l’écriture inclusive n’a rien perdu de son intensité, y compris au sein des entreprises. Pour renforcer votre présence auprès de vos clients et des candidats, suivez nos conseils pour adapter l’écriture inclusive à vos modes de communication.
La stratégie de communication d’une entreprise constitue l’un des piliers de sa réussite. Qu’il s’agisse de vendre un produit, d’animer ses réseaux sociaux, d’instiller une dynamique interne, de promouvoir une marque employeur ou d’attirer des candidats, une stratégie de communication ciblée est indispensable.
Aussi, les responsables commerciaux, des services marketing et des Richesses Humaines doivent adapter leurs stratégies de communication pour s’adresser à tous les publics, quels que soient leurs sexes. Ceci est particulièrement important pour les stratégies PESO qui viennent au soutien de la politique de recrutement de l’entreprise.
Quelle place les employeurs doivent-ils accorder à l’écriture inclusive ? Quels intérêts y trouvent-ils ? Suivez les conseils de nos experts pour mettre l’écriture inclusive au service de votre réussite.
L’écriture inclusive : définition
L’un des aspects de l’écriture inclusive consiste à féminiser des noms qui ne comportent pas encore d’équivalent féminin. La féminisation de certains métiers, de certains noms n’est pas un phénomène nouveau dans la langue française. Ainsi, est-il habituel de parler de « vendeuse », de « directrice » ou de « pharmacienne ». Que faire de la femme médecin…une médecine ?
L’autre aspect de la définition de l’écriture inclusive revient à ajouter dans une phrase les équivalents féminins déjà existants afin d’éviter que le genre masculin ne l’emporte sur le féminin. Ainsi, certaines offres d’emploi peuvent être rédigées dans la forme suivante : « les candidat.e.s sont invité.e.s à envoyer leurs CVs…».
Les avantages et les limites de l’écriture inclusive en entreprise
Au-delà de « l’affrontement des genres », l’écriture inclusive présente de nombreux avantages pour les employeurs, à condition d’être utilisée avec raison. Ce débat entre les anciens et les modernes impacte les stratégies de communication des entreprises, lesquelles ne savent plus toujours à quel.le.s Saint.e.s se vouer.
· Les avantages de l’écriture inclusive en communication d’entreprise
1. Donner plus de visibilité professionnelle aux femmes
Le 1er avantage de l’écriture inclusive est celui d’une visibilité retrouvée pour la gent féminine dans le monde du travail, soit 51 % des membres de la race humaine. En plus des enjeux géopolitiques que la reconnaissance des talents des femmes implique dans certains pays, l’écriture inclusive contribue à reconnaître la valeur de leur contribution dans la société et dans l’entreprise.
Simone Veil et Marie curie, parmi bien d’autres, auraient ainsi évité bien des abus. En utilisant l’écriture inclusive, l’entreprise reconnaît l’importance de la contribution de ses salariées au succès de l’entreprise.
2. Renforcer sa marque employeur
Le 2nd avantage pour l’entreprise est de renforcer auprès du public, et donc de ses clients potentiels, sa marque employeur. Pour cette raison, les responsables RSE de l’entreprise et ses community managers intègrent ce mode d’écriture dans leurs communications.
3. Attirer l’attention des candidats
Le 3ème avantage est celui d’attirer l’attention des candidats. En effet, la pénurie de professionnels qualifiés ne permet pas aux services de l’entreprise de fonctionner efficacement. Aussi, l’écriture inclusive est de nature à susciter davantage l’intérêt des candidats des deux sexes, car reflétant les valeurs d’égalité de l’entreprise.
· Les limites de l’écriture inclusive
L’écriture inclusive ne doit pas être un signe purement « cosmétique » destiné à attirer l’attention des clients et des candidats. Aussi, cette forme d’écriture doit-elle s’accompagner d’une politique de la Richesse Humaine et des salaires visant à la parité hommes/femmes à compétences égales.
En outre, elle ne doit pas davantage être un obstacle à une communication claire et fluide. Or, l’ajout de successions de « point.e.point.s » peut, utilisé à l’excès, brouiller la communication, particulièrement lorsque celle-ci est verbale. Aussi, faut-il trouver un point d’équilibre entre les exigences des stratégies de communication de l’entreprise et l’adoption de l’écriture inclusive.
Comment utiliser raisonnablement l’écriture inclusive dans sa communication d’entreprise ?
1. Utiliser des termes neutres
Qu’il s’agisse de publier un profil de poste ou de lancer une campagne marketing, les responsables de la communication peuvent recourir à des termes neutres /inclusifs déjà existants. Il s’agit d’une stratégie d’évitement faisant appel au langage épicène.
Ainsi, les termes « ouvrier » et « ouvrière » peuvent être remplacés par celui de « membres du personnel ». Le terme « candidat » peut céder sa place à l’expression : « personne à la recherche d’un emploi ».
Cette stratégie « épicène » a ses limites, car les mots comportent en eux-mêmes une vitalité, une énergie par leurs concisions. Aussi, certains mots genrés apportent-ils au texte, au communiqué, aux campagnes publicitaires une énergie essentielle pour conférer aux messages l’impact désiré.
2. Juxtaposer les équivalents masculins et féminins…ou féminins et masculins
Lorsqu’un terme est déjà « genré », c’est-à-dire qu’il dispose d’une version féminine et masculine, l’entreprise peut juxtaposer les deux termes dans sa communication. Ainsi, les vendeurs et les vendeuses, les rédacteurs et les rédactrices, les infirmiers et les infirmières peuvent apparaître côte à côte.
Lorsque la méthode de la juxtaposition des équivalents est utilisée, les auteurs et les auteures/autrices – ou les personnes à l’origine des messages – de la communication peuvent également prendre le parti d’alterner les genres masculins et féminins dans le corps du texte. Ce faisant, ils/elles éviteront de placer le genre masculin en tête de chaque mention.
Ainsi :
« Les candidats et les candidates adresseront leurs CV à notre adresse email. Un membre de notre service RH contactera alors chaque candidate et chaque candidat pour vérifier l’état de sa candidature. »
Adapter l’écriture inclusive au type de communication
Dans les stratégies d’insertion de l’écriture inclusive en entreprise, comme en toute chose, le bon sens permet de trouver le point d’équilibre. Aussi, l’entreprise doit distinguer entre sa communication écrite et sa communication orale.
· L’écriture inclusive dans la communication écrite
Qu’elle cherche à vendre un produit ou un service, ou à faire la promotion de ses offres d’emploi, l’entreprise doit réserver l’usage des « point.e.point.s » à la seule communication écrite.
En outre, afin d’éviter des difficultés de lecture des messages, l’usage de cette écriture inclusive devra être modéré. Il faut également alterner les méthodes de l’écriture inclusive, la technique dite « épicène » et celle faisant appel à la juxtaposition de termes genrés.
Ainsi le message :
« Les heureux.ses candidat.e.s sélectionné.e.s par le.la recruteur.e seront invité.e.s à rejoindre nos équipes de salarié.e.s expérimenté.e.s affecté.e.s dans nos sites en région…. »
sera remplacé par :
« Les candidats et les candidates ayant brillamment franchi les étapes de sélection seront invité.e.s par notre département RH à rejoindre nos équipes expérimentées affectées dans nos sites en région….. »
· L’écriture inclusive dans la communication numérique
Tout article publié par l’entreprise sur son site internet et/ou sur ses réseaux sociaux est analysé par les logiciels de recherche. Ces derniers leur attribuent des priorités de lecture en fonction des recherches effectuées par les internautes.
Aussi, afin de rendre ces articles les plus visibles possibles, et ainsi de permettre une publicité maximale de l’entreprise et de ses services, les responsables de la communication doivent faire correspondre les mots-clés des communiqués publiés par l’entreprise aux mots utilisés par les internautes.
En effet, dans le cadre de cette stratégie S.E.O. – d’optimisation de la lecture des articles par les algorithmes – l’écriture inclusive n’a de sens qu’à la condition que les demandes formulées par les internautes y fassent également référence.
En outre, l’écriture inclusive « en code morse » (point.e.point ou bien -e-) peut ne pas être comprise par les logiciels et les moteurs de recherche. Aussi, la communication numérique de l’entreprise peut ne jamais atteindre son audience.
· L’écriture inclusive dans la communication orale
Les limites de l’écriture inclusive dans la communication orale sont évidentes. Un slogan se veut incisif ; une démonstration lors d’une exposition doit être courte, rapide et fluide pour capter l’attention de l’audience. Le rythme du discours de fin d’année ou à l’occasion d’une promotion doit également être soutenu.
Aussi, l’utilisation de l’écriture inclusive pour les discours se limitera à l’usage de termes neutres et à la juxtaposition de termes genrés. L’écriture inclusive « en morse » est inadaptée à ces exercices de communication. Aussi, les termes « les conducteur.trice.s » seront remplacés par « les conducteurs et les conductrices ».
Optimisez votre stratégie de communication
Redonner aux salariés des deux sexes toutes leurs places dans l’entreprise nécessite bien plus que des stratégies de communication. Des initiatives doivent être prises par l’employeur.
Pour garantir l’égalité des sexes et des talents dans votre entreprise, et ainsi renforcer l’efficacité de vos équipes, consultez notre guide gratuit de l’égalité H/F au travail.
De Frédéric Carteron