Égalité F/H : pourquoi penser la diversité sous l’angle de l’altérité

Égalité F/H : pourquoi penser la diversité sous l’angle de l’altérité

Les femmes, les hommes, les personnes en situation de handicap, les jeunes, les seniors, les jeunes des quartiers difficiles, etc. Et si dans cette diversité, il n’y avait qu’un seul sujet : l’autre ?

L’altérité — ce qui est autre et distinct par définition — est une notion qui évite le clivage entre les femmes et les hommes, ainsi que les stéréotypes de genre et les préjugés qui y sont associés. « Elle s’inscrit dans la recherche d’un management universel, donc capable de s’attacher à la singularité », explique Antoine de Gabrielli, cofondateur de Companieros – L’école du sens au travail, et créateur du réseau Happy Men Share More. L’altérité suppose d’être capable d’être dans la relation à l’autre, unique et en même temps universel puisque cet autre est aussi quelqu’un qui nous ressemble.

« L’altérité, c’est l’autre non communautaire »

Qu’il s’agisse de différence sexuelle, de handicap, de différence ethnique, religieuses, sociale ou de classe d’âge, c’est par silos que la diversité est appréhendée la plupart du temps. Or, « l’altérité, c’est l’autre non communautaire, c’est-à-dire celui ou celle qui n’est pas séparé dans une communauté, l’autre qui, par essence est différent », pointe notre interlocuteur.
Le principe de l’altérité englobe les différences, il fait passer de la diversité à l’universel. Ainsi on réalise que les revendications des femmes sont partagées par d’autres. Voilà qui pousse à reconsidérer la façon de concevoir les actions de formation et de sensibilisation. Au lieu d’en prévoir par silo et de scinder les sujets, on prévoit de travailler sur le seul thème de l’altérité.

« En définissant une communauté, on génère un stéréotype »

Lutter contre les stéréotypes c’est déjà poser un cadre potentiellement enfermant et stigmatisant. « En définissant une communauté, on génère un stéréotype. L’altérité nomme l‘autre non par rapport à une communauté mais par rapport au fait qu’il est différent à la base », poursuit Antoine de Gabrielli. En intégrant la différence de l’autre, l’altérité reconnaît à chacun la même valeur.

La diversité, une question de sens au travail qui pose celle de la relation à l’autre

Comme tous les sujets de la diversité, l’égalité F/H est une question de sens au travail qui pose la question de la relation à l’autre, donc de l’altérité. Comment l’aborder concrètement ? « En faisant émerger la façon dont les femmes et les hommes vivent la question de l’égalité, et en montrant les angles morts de chaque point de vue », répond notre interlocuteur.
Si l’on prend par exemple la deuxième journée de la femme[1]  et la charge mentale qu’elle représente, l’angle mort peut être l’envie de certaines femmes de s’occuper de leurs enfants, ou le regard critique que la société pose parfois sur les mères qui s’attardent au bureau.

Il s’agit de poser la complexité, les paradoxes, les contradictions puis d’éclairer le sujet en expliquant comment se sont construits un état de fait et un préjugé, comment se sont ancrés des comportements.
« Nous démontrons aussi que le système qui a éliminé les femmes entre leur entrée dans l’entreprise et leur accession à des postes à responsabilités est un système qui sous-performe car il a éliminé et gâché des talents », conclut-il.

Sophie Girardeau

[1]  Le temps passé aux activités domestiques et au soin/éducation des enfants est de 2 heures/jour pour les hommes et de 3h26/jour pour les femmes, celles-ci passant 1h17 (temps de trajet compris) de moins au travail que les hommes, selon l’enquête emploi du temps Insee 2009/2010.