Didier Baichère, un DRH à l’heure de la proximité et de la transparence

La proximité, l’immédiateté et la transparence sont de vrais changements pour la marque employeur. Ces changements remettent aussi forcément en cause la relation managériale traditionnelle. Des changements qui, pour Didier Baichère, Vice President Human Resources France d’AKKA Technologies, transforment aussi le métier des RH.

 

Leader européen dans l’ingénierie et le conseil en technologies, Akka Technologies, c’est plus de 50 implantations à travers le monde et 21 centres d’excellence techniques. Avec plus de 12 000 salariés, mobilisés par la passion d’entreprendre et d’innover, Akka Technologies s’est développé  sur des marchés en forte croissance avec des expertises reconnues dans les secteurs de l’automobile, l’aéronautique, le ferroviaire, l’énergie et la défense par exemple.

Quels sont vos enjeux de recrutement cette année ?
En 2016, nous prévoyons 1 600 recrutements en France et plus de 3500 dans le monde. Cela nous place dans le top 50 des recruteurs français. Nous sommes non seulement en compétition avec nos concurrents directs mais aussi avec tous les recruteurs de ce top 50.
Les sociétés d’ingénierie sont confrontées à un décalage d’image : comme toutes les entreprises de services, nous devons expliquer que, même en l’absence de produit tangible, nous offrons une variété de missions et une capacité de progression plus importante que dans d’autres secteurs. Aussi notre marque employeur qui doit être renforcée.

Comment se construit cette marque ?
Nous construisons notre identité autour des valeurs de notre groupe : le courage, l’ambition, le respect et l’agilité. Notre marque se construit aussi grâce à la diversité de nos projets et de nos clients. Ceux-ci indiquent à nos candidats dans quel univers ils vont évoluer.
La transparence et l’authenticité sont de vrais atouts pour exister et nous différencier dans le top 50 des recruteurs. Nous devons promouvoir nos succès internes et notre politique RH. Les candidats ont envie de connaître la réalité des missions et de la culture d’Akka Technologies. Ils sont fatigués des opérations de marque RH purement marketing que l’on peut voir partout, des campagnes où tout le monde est extraordinaire, bien rémunéré et n’a que des missions à haute valeur ajoutée. Ce qui fait la différence aujourd’hui, c’est d’arriver à proposer au candidat une offre qui correspond à la réalité de ce qu’il va trouver en interne. Avec les réseaux sociaux par exemple, il perçoit mieux de cette réalité. Le candidat peut entrer en contact avec des collaborateurs, des managers, des dirigeants de l’entreprise. Nous avons des modes de communication très différents de ce que nous pouvions avoir ne serait-ce qu’il y a 5 ans.
A la proximité et l’immédiateté des réseaux, s’ajoute aujourd’hui la transparence avec les sites de notations qui donnent de l’information sur les entreprises. Lorsque ces sites sont apparus, les entreprises ont trop vite pensé que c’était un gadget sans grand intérêt. Mais je me rends compte que ce sont des outils extrêmement intéressants et puissants. Naturellement, sur ce type de site, vous allez retrouver des gens qui ne sont pas contents d’un employeur. Mais il revient aussi aux employeurs d’utiliser ces sites et à en faciliter l’accès pour leurs collaborateurs.

C’est un changement pour l’entreprise mais j’imagine que c’est un changement pour vos équipes aussi ?
Proximité, immédiateté et transparence sont de vrais changements pour la marque employeur. Il faut arriver à construire avec ses équipes RH une politique correspondant à ces bouleversements. Or il arrive fréquemment d’avoir des équipes qui n’ont pas l’habitude de faire du marketing, de communiquer sur ce qu’elles font. Traditionnellement, elles sont plus en retrait, communiquant avec les collaborateurs, les managers, les partenaires sociaux, mais pas assez avec l’extérieur. Les équipes RH ont donc un double handicap à surmonter. Il faut marketer ce qu’elles font en interne et le communiquer vers l’extérieur.

 

 

Le changement est-il aussi du côté des candidats ?
Je suis frappé de voir que la moitié des questions des jeunes, par exemple lors des forums ou d’entretiens, portent davantage sur les valeurs de l’entreprise, sur l’ambiance, sur l’environnement professionnel que vous leur proposez, que sur le cœur de métier que vous allez leur demander d’exercer. “Quelle est l’aventure que vous allez me proposer ?” demandent-ils. L’aventure, ce sont nos valeurs, les projets transverses proposés, notre proposition business avec nos clients, nos objectifs de développement, les futurs marchés où nous serons… Ce sont des situations nouvelles pour les équipes RH. Cela remet forcément en cause la relation managériale traditionnelle.

Quel est le futur du recrutement ?
Il y a, aujourd’hui, deux sujets essentiels : le phénomène de notation en ligne dont les entreprises doivent s’emparer et le big data. En RH, nous avons accès à de grandes bases de données que nous pouvons rendre accessibles aux salariés pour créer de la valeur : mieux valoriser les parcours professionnels, mettre en valeur les compétences des collaborateurs et leur évolution. Ce sont des données que nous n'exploitons pas suffisamment aujourd'hui pour servir le business et donc favoriser le développement de nos clients.

Qu'est-ce qu'un DRH en 2016 ?
Il reste principalement un expert de la relation sociale de l'entreprise, du dialogue social, de l'analyse des compétences, du recrutement.

 

Dans les cinq ans à venir le DRH prendra une place qui est beaucoup plus liée à la communication et à la marque RH. Il fera beaucoup plus le trait d'union entre la communication interne et externe de l'entreprise. Le DRH aujourd'hui est probablement la personne la plus légitime pour parler de son entreprise à l'extérieur en termes de valeurs et de politique de recrutement. Il y a une modification des compétences du DRH : il faut être formé au marketing et à la communication.

Didier Baichère – Vice President Human Resources France – AKKA Technologies
 
Après une première expérience dans la fonction publique territoriale (1994-1997), Didier Baichère rejoint Alcatel (1997) et son pôle recrutement. Il est rapidement nommé Responsable des Ressources Humaines (1999) puis Directeur des Ressources Humaines de la filiale internationale Alcatel Submarine Networks (2002). Il est promu Directeur des Ressources Humaines France d’Alcatel Lucent en 2008 (devenu NOKIA) , et entre au comité de direction. Il a, durant 4 années, la responsabilité de la politique sociale et des restructurations, du développement RH et du rayonnement de la marque employeur pour l’ensemble des activités françaises, dans un contexte matriciel mondial.
Il rejoint le Groupe Logica (devenu CGI) et son comité exécutif fin 2011 en tant que Vice-Président Ressources Humaines France, Luxembourg et Maroc. Cette période est marquée par la fusion avec le géant canadien des services informatiques CGI ou un alignement culturel, social et managérial sera conduit par la Direction des Ressources Humaines. En matière de marque RH digitale, CGI a su se démarquer face à ses concurrents et fait figure d'exemple dans de nombreux classements tels que Universum et Potentialpark par exemple.
Depuis 2014, Didier Baichére était Directeur des Ressources Humaines de DCNS, groupe industriel français spécialisé dans l'industrie navale militaire, l'énergie nucléaire et les infrastructures marines.
Fin 2015, Didier Baichère rejoint le Groupe européen de Conseil en ingénieries et technologies AKKA Technologie en tant que VP Human Resources France.