Entretien : 4 types de questions à poser à un auditeur

Entretien : 4 types de questions à poser à un auditeur

Les compétences techniques d’un auditeur ressortant sur son CV, il s’agit d’abord de questionner ses soft skills, notamment sa curiosité et sa capacité à prendre du recul. Focus sur le profil 3/6 ans d’expérience.

Pour les cabinets d’audit, les difficultés de recrutement concernent les auditeurs de 3 à 6 ans d’expérience, des profils qui, dans leurs discours, se ressemblent tous, « l’enjeu est donc de savoir comment les challenger et les différencier », pointe Émaline Bareau, consultante senior chez William Sinclair Executive Search.

1. Des questions très directes pour que l’auditeur raconte au lieu de réciter

Lassé par une énième présentation scolaire ? Aidez l’auditeur à sortir de son discours huilé en le questionnant de façon très directe, par exemple :
— Quel type de stage avez-vous fait ?
— Depuis vos études, quels sont les choix que vous avez faits ?
— Pourquoi avoir choisi tel cabinet plutôt que tel autre ?
— Pourquoi avoir choisi l’audit ?

« Le but est de le pousser, en douceur, dans ses retranchements, par des questions qui l’aident à raconter plutôt qu’à réciter ce qu’il s’est passé dans ces expériences-là », explique notre interlocutrice.

2. Des questions qui challengent sa façon de parler de ses missions d’audit

Il s’agit ensuite de le faire parler de ses missions d’audit externe. Il importe de « le challenger sur sa façon d’en parler, pour mieux cerner qui il est », conseille-t-elle.
— Quelle est votre mission la plus marquante et en quoi l’est-elle ?

Une mission n’est pas forcément mémorable du fait de la taille du client, un contexte particulier peut avoir frappé l’auditeur, il est intéressant de l’entendre en parler.

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3. Des questions pour sonder la curiosité professionnelle de l’auditeur

Quand l’auditeur évoque un client, pensez à le questionner sur l’actualité et le contexte de ce client. « Cela permet de savoir à quel point ce candidat s’y intéresse, s’il comprend ce qu’il fait et où il intervient », poursuit Émaline Bareau. Le but est de savoir si l’auditeur se contente ou non d’exécuter, s’il comprend dans sa globalité la problématique de son client. En somme, s’il fait preuve de curiosité professionnelle.

4. Des questions pour évaluer sa capacité à prendre du recul sur lui-même

En audit, les meilleurs éléments de cinq ans d’expérience sont lancés à pleine vitesse sur une autoroute, ils ont la reconnaissance des associés et peuvent se croire « arrivés ». « Ils peuvent penser qu’ils ont déjà tout vu, ce qui n’est pas le cas. Il faut donc évaluer leur capacité à prendre du recul sur eux-mêmes, à se remettre en question », recommande-t-elle.
Une façon de faire est de demander à l’auditeur de regarder dans le rétroviseur autant que la route devant lui, autrement dit, de faire le point sur lui-même comme de se projeter :
—    Au-delà des compétences techniques, qu’est-ce que vos expériences vous ont apporté ?
—    Comment vous projetez-vous dans ce cabinet ?
—    Quelles pourraient être vos difficultés d’intégration ?

S’il ressort de ses réponses qu’intégrer un nouveau cabinet d’audit lui semble facile, évident, vous pouvez douter de sa capacité à prendre du recul sur lui-même. Ce point est doublement important. D’une part, le taux d’échec lors du passage d’un cabinet à l’autre est très élevé, du fait de différences culturelles prononcées. D’autre part, ce qui fait l’excellence en audit aujourd’hui, c’est la capacité à réfléchir au lieu de se borner à appliquer une méthodologie existante, et cela commence par être disposé à réfléchir sur soi et à se poser les bonnes questions. « Il s’agit de l’amener à prendre conscience des difficultés qui l’attendent, et ce point est aussi valable lors d’un mouvement de l’audit externe vers un poste en entreprise », conclut Émaline Bareau.

Sophie Girardeau