L’ubérisation, quel impact sur l’évolution de l’emploi ?

Les récentes crises opposant les taxis à la société Uber ont vu la démocratisation du terme « ubérisation ». Celui-ci traduit une nouvelle réalité sociétale, marquée par le développement de l’offre et de la demande de services permettant aux professionnels et aux particuliers de rentrer en contact de manière quasi-instantanée par le biais du numérique. Ce phénomène, qui participe pour certains à une restructuration globale de l’économie et de l’emploi, prend aujourd’hui une ampleur considérable. Au-delà du secteur des transports, il gagne de nombreux pans de l’activité économique tels que l’hôtellerie, l’éducation, les services juridiques et même la médecine. En France comme ailleurs, les pouvoirs publics peinent à s’adapter à ces nouveaux modèles disruptifs qui remettent en cause le schéma traditionnel du rapport du travailleur et de l’Etat à l’emploi, font peser un risque de déstabilisation de certains secteurs mais contribuent dans le même temps à dynamiser un marché du travail sclérosé depuis plusieurs années. Dans un contexte marqué par des réflexions de plus en plus poussées des pouvoirs publics sur l’encadrement de cette nouvelle forme d’économie, notamment avec le rapport du Député Pascal Terrasse remis le 8 février dernier au Premier ministre, MONSTER vous propose un éclairage sur les opportunités, conséquences et défis liés à l’ubérisation de l’emploi.

Des effets sur l’emploi difficiles à quantifier

L’ubérisation bouscule indéniablement le modèle économique traditionnel et son développement inquiète de nombreux professionnels, notamment du tertiaire. Cette inquiétude se fonde d’une part sur la crainte d’une destruction d’emplois dans les secteurs concernés, et d’autre part sur la régression potentielle des droits des travailleurs de l’économie collaborative. Plusieurs observateurs s’accordent sur le fait que l’ubérisation de l’emploi pourra affecter de manière négative les emplois d’interaction, qui représentent environ 14% de l’emploi total en France. Les destructions d’emplois directement liées à l’ubérisation restent toutefois difficiles à chiffrer, s’agissant d’un processus très évolutif et difficile à anticiper, et dans la mesure où plusieurs métiers concernés étaient déjà menacés par un mouvement de numérisation/robotisation indépendamment de l’ubérisation à proprement parler. Réciproquement, l’ubérisation a aussi un impact positif sur l’emploi puisqu’en facilitant l’accès à certains services, elle rend ces-derniers plus attractifs ou crée une demande nouvelle, avec un effet stimulant pour l’activité économique. L’ubérisation a par ailleurs permis d’ouvrir le marché du travail à des personnes souvent peu qualifiées qui en étaient exclues jusqu’à présent et ont fait émergé ou renforcé de nouvelles formes d’emploi telles que le « self-employement » ou encore le micro-entreprenariat. Revers de la médaille, ce modèle disruptif repose largement sur un affranchissement du cadre fiscal et de protection sociale afin de réduire au maximum les coûts des services proposés, et fait naitre un débat autour de la protection des personnels exerçant ce type d’activités. La crainte qui se fait entendre, illustrée par la mobilisation des chauffeurs d’Uber pour l’obtention du statut de salarié illustre ces préoccupation, est celle d’une précarisation toujours plus forte. Face à ces interrogations, la demande d’un encadrement par les pouvoirs publics se fait de plus en plus forte.

De nouveaux défis pour les pouvoirs publics

Le défi majeur que les pouvoirs publics ont à relever est de réguler sans pour autant sur-réglementer, afin de préserver les principes fondateurs de l’ubérisation et les opportunités en résultant qui pourront profiter à l’économie dans son ensemble. Le rapport remis par le Député Pascal Terrasse début février 2016 au Premier ministre fait partie des tentatives de réponses des pouvoirs publics français à l’ubérisation de l’économie. Ce rapport préconise d’une manière générale une clarification du cadre juridique applicable aux activités issues de l’économie collaborative et contient plusieurs recommandations s’articulant autour de trois grands axes :

  • Fiabiliser les services proposés dans un souci de protection des consommateurs (référencement des offres, transparence et notation des plateformes),
  • Protéger les travailleurs de l’économie collaborative (convergence des régimes de protection sociale des salariés et des indépendants, sécurisation des parcours professionnels, encadrement des relations entre les plateformes et leurs prestataires, formation de ces prestataires)
  • Clarifier le cadre fiscal applicable à ces activités (contribution des plateformes aux charges publiques, fixation d’un seuil d’imposition pour les revenus des particuliers, automatisation des procédures).

Cette philosophie du « réguler sans entraver » constituait par ailleurs un pilier du projet de loi baptisé « Nouvelles opportunités économiques » (NOé) du Ministre de l’Economie Emmanuel Macron, dont l’objectif central était de « transformer le potentiel du numérique en opportunités pour tous ». Ce texte ayant été abandonné, des dispositions relatives à l’économie collaborative devraient être insérées dans le Projet de loi sur la réforme du Code du travail porté par la Ministre du Travail Myriam EL KHOMRI, notamment sur la nature de la relation de travail entre les travailleurs et les plateformes et sur la responsabilité sociale de celles-ci. Les mois prochains devraient donc être riches en débats sur le sujet, sous réserve de la concrétisation du texte en raison de la forte mobilisation sociale et syndicale.

Uberisation de l’emploi : comment recrutement les bons profils ?

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