Le 23 mars 2021, Monster France organisait un webinaire pour commenter les principaux résultats de son étude The Future of Work. L’occasion de faire le point sur l’état d’esprit des candidat·es et recruteur·euses un an après le premier confinement.
L’étude Monster The Future of Work révèle que 82% des entreprises prévoient de recruter en 2021. Pour 54% d’entre elles, il s’agit de remplacements, et pour 28%, de créations de postes. Des secteurs redynamisent le marché : la construction, l’informatique, l’ingénierie, le numérique, tiré par la croissance des éditeurs de logiciels (3% prévus cette année).
Des prévisions de recrutement au même niveau que fin 2020
Nous n’avons cependant pas retrouvé le niveau des recrutements d’avant la crise du Covid. « Il n’y a ni plongeon ni rebond, nous sommes au même niveau que fin 2020 : -30/40% dans les recrutements de cadres par rapport aux dernières années, le jeunes diplômé·es étant les plus pénalisé·es », commente Gilles Gateau, directeur général de l’Apec. Tout dépend des activités. Les prévisions de recrutement de Mazars par exemple sont habituelles. Ralentis il y a un an, les recrutements du cabinet d’audit et de conseil ont repris dès septembre 2020 dans des proportions quasiment équivalentes aux années précédentes, soit 800 personnes en France dont 600 juniors.
Accompagner l’insertion des jeunes diplômé·es, une priorité
« Cela redynamise le marché des jeunes diplômés, et il s’agit d’accompagner leur insertion sur le marché du travail », observe Charlotte Gouiard, responsable RH Tech et expérience candidat·e chez Mazars. L’Apec a d’ailleurs lancé en septembre 2020 un plan d’accompagnement de 50 000 jeunes diplômé·es (soit 2,5 fois plus que d’habitude). Deux à trois mois après avoir participé à un atelier Objectif premier emploi, 7 jeunes sur 10 ont eu au moins un entretien d’embauche et 4 sur 10 ont signé un CDI.
Trouver les bonnes compétences, une difficulté
L’étude The Future of Work révèle également que 87% des entreprises ont des difficultés à trouver les bonnes compétences. La formation, continue ou en alternance, est une des solutions pour y remédier. Pour les métiers du numérique dont les compétences sont vite obsolètes, elle est garante d’employabilité. En 2020, le Syntec Numérique a noté une augmentation de 15% du recours à l’alternance, soit environ 23 000 alternant·es recruté·es. « Certaines entreprises adhérentes ont recruté pour la première fois des apprenti·es », indique Soumia Malimbaum. Coprésidente de la commission emploi, formation, éducation du Syntec Numérique et VP Business Development chez Keyrus, elle déplore toutefois l’arrêt du dispositif d’aide aux moins de 26 ans : « C’est une rupture d’équité pour les jeunes qui subissent la crise en termes d’emploi, et un risque de fuite des cerveaux. »
Télétravail, protocole sanitaire : des critères d’attractivité
Depuis le premier confinement, 53% des employeurs ont offert plus de flexibilité de télétravail. Ce dispositif compte désormais parmi les attentes des candidat·es, y compris les intérimaires qui l’ont découvert en mars 2020. On voit cependant les limites du télétravail à 100%, notamment quand il s’agit de se former. Les difficultés à déconnecter sont réelles, le sentiment d’appartenance, malmené, l’enjeu managérial est certain. Autant de points sensibles qui demandent de mener une réflexion sur le rapport au lieu de travail et la cohésion d’équipe. Mazars note que les candidat·es apprécient l’idée de pouvoir travailler de façon hybride. « L’intégration et la formation sont des sujets qui reviennent souvent dans leurs questions », remarque Charlotte Gouiard.
Les personnes qui postulent ont aussi des attentes relatives à leur santé. En matière d’hygiène et de sécurité, 44% des entreprises ont mis à jour leur protocole et 43% proposent plus de flexibilité horaire, moyen de réduire les risques de contamination dans les transports en commun. Pour rassurer les candidat·es, il faut « présenter de façon détaillée ce qui est mis en place en termes de protocole sanitaire », souligne Michel Carpentier, manager chez Expectra.
Employeurs et candidat·es : des concessions à faire de part et d’autre
L’étude The Future of Work révèle également des attentes divergentes. La sécurisation des salaires en est une pour 36% des candidat·es, arrivant ainsi en deuxième position de leur top 5, alors que pour 44% des employeurs, c’est le renforcement du protocole sanitaire qui arrive en second. Pour Gilles Gateau, il faut faire évoluer les critères de sélection, porter un autre regard sur les profils sans baisser pour autant ses attentes. « Les recruteur·euses sont un peu plus disposé·es à faire des concessions, notamment en ce qui concerne les processus de recrutement : réduire le nombre d’entretiens par exemple », observe pour sa part Michel Carpentier.
Sophie Girardeau
Publié le 31 mars 2021.
Propos recueillis lors de la table ronde The Future of Work, en replay ici qui s’est déroulée le 23 mars 2021 en présence de Michel Carpentier, manager chez Expectra ; Gilles Gateau, directeur général de l’Apec ; Charlotte Gouiard, responsable RH Tech et expérience candidat chez Mazars ; Soumia Malimbaum, coprésidente de la commission emploi, formation, éducation chez Syntec Numérique et VP Business Development chez Keyrus ; Romain Giunta, responsable marketing B2B chez Monster France.