Deux ans après le début de la crise sanitaire, les priorités des recruteurs RH ont-elles changé ? Quels enjeux majeurs en termes de recrutement prévoient-ils ? De quelle manière la crise a-t-elle impacté leur approche du management et plus précisément des compétences ? Si neuf recruteurs sur 10 déplorent le manque de compétences des candidats, un sur trois identifie l’évaluation des compétences transférables comme l’un des cinq principaux défis attendus pour 2022. Les compétences et la formation, enjeux cruciaux pour les décideurs RH en 2022 !
Les recruteurs inquiets du déficit en compétences comportementales et techniques
L’écart entre le niveau de compétences d’un candidat et celui requis pour le poste ciblé (skills gap) représente une difficulté majeure pour 93% des recruteurs, chiffre en augmentation par rapport à 2021 (+ 5 points). En effet, 30% des recruteurs s’accordent pour admettre que l’écart entre le niveau de compétences d’un candidat et celui requis pour le poste ciblé s’est accru par rapport à l’année dernière. La pénurie de candidats qualifiés dans leur secteur d’activité représente un enjeu de taille pour les recruteurs RH français en 2022.
Dans le détail, les recruteurs français ont identifié cinq hard skills majeurs (compétences techniques/ savoir-faire) et cinq soft skills prioritaires (compétences douces, communication, intelligence relationnelle etc) qu’ils ont le plus de mal à trouver chez les candidats :
Les 5 hard skills principaux qui manquent chez les candidats :
- Les compétences en informatique (11%)
- Les compétences dans la gestion de projet (8%)
- Les compétences bureautiques (8%)
- Les capacités d’écriture (8%)
- Les compétences techniques, métiers (6%)
Les 5 soft skills majeurs qui font défaut aux candidats :
- La motivation personnelle (23%)
- La fiabilité (21%)
- La flexibilité (17%)
- Le travail en équipe, capacités de collaboration (16%)
- Communication et Esprit critique ex aequo (13%)
Selon les recruteurs, certaines compétences comportementales et techniques manquent significativement chez les candidats rencontrés. Or, ces écarts entre le niveau attendu et celui requis diffèrent selon le secteur d’activité. Ainsi, dans le secteur du médical, les recruteurs souhaiteraient retrouver plus de motivation personnelle (28%). Même constat dans le secteur du transport et de la logistique, la motivation personnelle (28%) est la compétence la plus attendue. Dans le secteur IT, il s’agit plutôt des compétences en matière de leadership managérial et en communication (19% ex aequo). Dans le secteur des loisirs/hôtellerie, ce sont plutôt les compétences liées à la fiabilité des personnes (41%). Dans l’enseignement, les recruteurs notent surtout des lacunes en termes de capacité d’adaptation (28%). Dans le secteur de la construction, les recruteurs souhaiteraient voir plus de capacité de collaboration et de travail en équipe chez les candidats (23%). Dans le secteur de la Finance/Banque, les recruteurs soulignent surtout un manque de compétence autour de l’esprit critique et la résolution de problème (22%).
Mettre en valeur ses compétences transférables : un levier capital pour les candidats
Dans ce contexte, valoriser sa personnalité et arriver à convaincre le recruteur que ses compétences peuvent convenir pour un poste reste un challenge pour beaucoup de candidats. Les recruteurs le savent mais ils sont près de la moitié (48%) à attendre que les candidats expriment davantage leurs compétences polyvalentes. Le but est clair : leur permettre d’identifier le poste adéquat pour eux. Preuve de cette volonté, 70% des recruteurs affirment même être prêts à embaucher une personne ayant des compétences transférables (+ 2 points par rapport à l’année dernière) et à la former pour qu’elle acquiert rapidement les compétences techniques. Pour 57% des employeurs, la principale préoccupation pour 2022 est bien de trouver les compétences qu’ils leur manquent pour les postes à pourvoir et les soft skills demeurent déterminantes.
TOP 5 des soft skills les plus recherchées par les recruteurs :
- Le travail d’équipe/collaboration (57%)
- La fiabilité (45%) – 1er critère pour les cols bleus (63%)
- La communication (37%)
- La motivation personnelle (36%)
- La flexibilité (34%) – 2ème critère pour les cols blancs (43%)
Les recruteurs s’adaptent pour pallier les difficultés de recrutement
Comment combler ces décalages entre les attentes des recruteurs et les capacités des candidats ? Les décideurs RH se sont considérablement adaptés depuis ces deux dernières années de crise. Ils se montrent de moins en moins rigides sur certains critères en raison des conditions actuelles du marché du travail et des situations pénuriques sur certains types d’emploi. Ces concessions portent notamment sur les changements d’emplois fréquents, les fameux « trous dans les CV » ou encore la distance géographique entre le lieu de vie des salariés et l’entreprise. Un employeur sur trois considère ainsi que les candidats qui n’ont pas les compétences requises pour un poste, mais qui peuvent être formés, ne posent pas de problème.
TOP 6 des situations devenues acceptables pour les recruteurs en 2022 :
- Le changement d’emploi fréquent : 49%
- Les trous/lacunes sur le CV : 48%(+ 9 points par rapport à 2021)
- Un candidat vivant dans une zone géographique extérieure au lieu de l’entreprise : 42%
- Les candidats qui n’ont pas de compétences adaptées à l’emploi mais qui peuvent être formés : 37%
- Le manque d’avancement dans le poste actuel : 29%
Attractivité et rétention des talents : quelles solutions ?
Dans ce contexte de marché de l’emploi dynamique, sans surprise, 30 % des recruteurs placent la concurrence accrue sur les talents comme défi majeur pour 2022. Les décideurs RH ont adapté leur stratégie de recrutement et identifié plusieurs critères qui leur permettraient de rester compétitifs et attractifs face aux entreprises concurrentes :
Top 5 des critères pour booster l’attractivité des entreprises selon les décideurs RH :
- Faire évoluer les postes pour les rendre plus flexibles ou en travail à distance (33%)
- Augmenter les avantages des salariés (31 %)
- Proposer des formations professionnelles (30 %)
- Partager les profits des entreprises, des actions (29 %)
- Augmenter les salaires (24 %)
Les priorités des employeurs en matière de politiques et d’avantages sociaux ont ainsi légèrement changé pour s’adapter aux attentes des employés et des candidats : le télétravail (48%) et les horaires de travail souples (38%) restent des priorités (comme l’année dernière), tandis que les politiques et protocoles de santé sont devenus moins essentiels. Pour cette année, ils privilégient désormais les politiques de protection salariale et de rémunération équitable (33%), les congés payés et jours de bénévolat payés (29%) et les aides destinées aux familles et aux gardes d’enfants (21%).
« Le triple défi de 2022 pour les décideurs RH est d’être confronté à la fois à des problématiques de compétences, à une concurrence accrue sur les bons talents et à une exigence plus forte des candidats qui peut inverser les rôles. Trouver des candidats qualifiés correspondant aux critères du poste ciblé est devenu un véritable casse-tête pour les recruteurs ! », souligne Marie Hugo Lindenmeyer, responsable éditoriale chez Monster France. « Pour autant, les solutions existent. Les recruteurs savent rapidement s’adapter aux nouvelles attentes des candidats et aux fluctuations du marché. Entre améliorations des avantages pour le salarié, des propositions d’accompagnement et nouvelle organisation de travail, le futur des RH est en train de se dessiner malgré une période encore complexe et teintée d’incertitudes ».
Méthodologie :
Enquête réalisée auprès de 3100 professionnels du recrutement, de genre, d’âges différents et de secteurs différents par l’institut Dynata en septembre 2021, dans différents pays dont les Etats-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne, La France, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Italie et la Suède. En France, enquête réalisée auprès de 400 professionnels du recrutement, de genre, d’âges différents et de secteurs différents par l’Institut Dynata du 8 au 24 septembre 2021.