4 actions à mettre en place pour plus de mixité dans le secteur du numérique
Attirer plus de femmes dans le numérique demande un travail de fond, d’information sur les métiers, de formation, de sensibilisation aux stéréotypes et préjugés.
Femmes et numérique : tour d’horizon
Le secteur du numérique compte seulement 17% de femmes « en situation d’emploi dipômées du numérique » selon le rapport 2022 Gender Scan dédié à la parité dans le secteur numérique. En neuf années, cette parité n’a augmenté en France que de 2% : nous étions à seulement 15% de femmes en 2011. A l’échelle européenne, pas bien mieux : 18% des expert.es en en Technologie de l’Information et de la Communication (TIC) sont des femmes, selon le rapport DESI 2020.
Des chiffres éloquents dans un monde où les technologies transforment le rapport à la société et au travail ainsi que les organisations.
Ils soulignent l’absence, ou presque, des femmes dans un secteur en évolution constante et dans des métiers indispensables à la compétitivité des entreprises. Pire : ces chiffres soulignent l’évolution lente des mentalités sur le sujet.
Attirer plus de femmes dans le numérique répond à plusieurs enjeux :
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Un enjeu démographique et sociologique
Le numérique est un secteur d’activité réputé en tension. Il ne peut se priver de 50% de ses (potentiels) talents.
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Un enjeu RS
Un enjeu de RSE et de justice sociale ensuite : il en va de l’employabilité des femmes, elles doivent pouvoir se projeter dans ces filières métiers valorisées.
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Un enjeu de performance économique
Pour des raisons socio-culturelles, les femmes arrivent sur le marché du travail avec des savoirs et des expériences différentes des hommes et variées. « Ce sont ces différences qui sont vectrices de performance », explique Alice Pouillevet, consultante égalité F/H chez Social Builder.
Sinon un renouveau mais une perpétuelle mise à jour du secteur numérique ne peut en somme pas se priver de profils féminins.
4 actions pour une meilleure mixité dans le numérique
1. Sensibiliser massivement à la mixité femmes-hommes
Aller vers plus de mixité demande de travailler sur les stéréotypes et les préjugés qui déforment les représentations, fabriquent un sentiment d’illégitimité chez les femmes et leur font renoncer à des métiers jugés masculins. Cela commence dès les premières sphères de socialisation que sont :
- La famille
- L’école
- Puis l’entreprise.
Le Programme Femmes du numérique du Syntec Numérique par exemple vise à promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes et à valoriser les métiers du numérique auprès des jeunes.
L’objectif de Femmes@numérique est de sensibiliser massivement le grand public, les pouvoirs publics, les acteurs de la formation et de l’enseignement, et les organisations publiques et privées.
2. Permettre aux femmes de devenir des rôles modèles
Envisager de façon non mixte des formations pour les femmes managers, comme le propose Social Builder, sur les thèmes de l’empowerment des femmes, du leadership et du développement d’influence, permet la libération de leur parole en confiance.
« Le but est de permettre à ces femmes de monter dans la hiérarchie afin de devenir des rôles modèles », précise Alice Pouillevet.
Le manque de modèles féminins dans les métiers de l’informatique et du numérique alimente en effet les stéréotypes de genre, stéréotypes qui ont un impact sur la représentation de ces métiers et l’orientation des filles.
3. Travailler la mixité dans la communication
Dans les visuels des différents supports de communication (affichages, visuels des sites web, brochures diverses…) on observe beaucoup d’hommes en position de leader ou d’expert, et beaucoup de femmes souriantes et à l’écoute. Autant de reproductions des représentations stéréotypées des rôles des uns et des autres.
« Très souvent, les chatbots d’assistance ont des femmes pour avatar, cela entretient le fait que les femmes sont d’éternelles assistantes », ajoute notre interlocutrice.
4. Repenser les temps de networking
Évoluer professionnellement dépend aussi de sa capacité à réseauter. La plupart des hommes l’ont bien compris, la plupart des femmes doivent plus s’en convaincre.
Quand elles sont mères de jeunes enfants, elles doivent pouvoir développer leur réseau sans se sentir écartelées entre la sphère professionnelle et la sphère familiale. En somme, une inégalité de genre quant au réseautage, notamment numérique.
« Si les temps de networking sont organisés en fin de journée, cela pénalise les mères, sur qui repose encore beaucoup la charge parentale. Pour éviter qu’elles soient exclues, on peut plutôt prévoir des matinales de networking », suggère Alice Pouillevet.
La création de réseaux féminins et/ou mixtes permet aussi de favoriser le réseautage. Dans l’environnement majoritairement masculin du numérique, préserver des temps de non mixité aide à libérer la parole en confiance.
« Passer par de la non mixité 100% féminine conjoncturelle permet d’aller vers une mixité structurelle », note-t-elle.
De Sophie Girardeau
Edité par Pauline Jagoury