La rupture provoquée par le coronavirus dans les habitudes de chacun·e fait émerger de nouvelles attentes chez les candidat·es ou amplifie des attentes préexistantes.
En matière de recrutement aussi le Covid-19 est passé par-là : reports de l’intégration des nouvelles recrues mais aussi onboarding à distance, gel ou maintien des recrutements, candidat·es peu enclin·es à prendre des risques, d’autres prompt·es à saisir les opportunités qui se présentent… La période postconfinement est marquée par la modification du rapport au travail constate Thierry Andrieux, fondateur du cabinet Humanessence : « Des candidat·es expriment une volonté de changer de vie, de métier ». La rupture provoquée par le coronavirus dans les habitudes de chacun·e fait émerger de nouvelles attentes ou amplifie des attentes préexistantes.
Du ‘feeling’ dans le ‘remote’
L’entretien à distance, une tendance qui montait avant la crise, se généralise. « Actuellement, du fait des mesures sanitaires, des candidat·es ne veulent plus rencontrer les recruteur·es », note-t-il. Le processus de recrutement a beau être « remote », il ne doit pas être exempt de « feeling », or, certains employeurs ne sont pas si à l’aise avec les outils de visioconférence, un point à améliorer donc pour permettre de créer un échange de qualité sans rencontre physique dans un premier temps.
Le télétravail, une exigence pour les profils urbains bac+5
La volonté de télétravailler est sur toutes les lèvres des candidat·es bac+5, des grandes métropoles, de l’IT, du consulting, des services au sens large. Mais poser le télétravail sur la table nécessite d’en préciser les modalités. Certains employeurs le proposent mais veulent pouvoir facilement mobiliser leurs collaborateurs et collaboratrices au bureau, cela exclut les candidat·es qui associent télétravail et délocalisation. La volonté de télétravailler entraîne donc un questionnement en cascade : télétravailler combien de jours ? dans quelle ville ? à quelle rémunération ? — l’écart de salaire entre Rennes et Paris par exemple est de 20% —, avec quel aménagement de l’espace de travail à domicile ? avec ou sans ticket resto ? etc. « Il s’agit d’entrer dans les détails des exigences du dispositif ; actuellement, les choses ne sont pas figées et nécessitent des accords », pointe Emmanuel Stanislas, fondateur du cabinet Clémentine. Et une fois posé son cadre, ce sont les pratiques managériales à distance qui sont questionnées. « La communication entre managers et collaborateur·trices par exemple va devoir changer, les managers constatent que la communication écrite prend du temps », observe Thierry Andrieux. Sans oublier la qualité de vie au télétravail puisque le confinement a mis au jour des conditions générant de la détresse, qu’il faut gérer là aussi à distance.
La proximité géographique du poste, une attente pré Covid qui se confirme
Certain·es candidat·es, francilien·nes surtout, cherchent une grande proximité géographique avec leur lieu de travail, et ce même avec l’option télétravail. C’est notamment le cas d’une population très jeune et très parisienne qui plébiscite le vélo pour aller au boulot, parce que c’est écolo, parce que ça va dans le sens de l’histoire. C’est aussi vrai pour les personnes qui par peur de la contamination veulent éviter le plus possible les trajets en transports en commun.
Une communication transparente sur la situation économique de l’entreprise
« Les gens veulent se poser, être sécurisés, les candidat·es sectorisent de plus en plus leur recherche et visent des secteurs les moins touchés par la crise sanitaire », poursuit Thierry Andrieux. Même dans un secteur de plein emploi, ils·elles veulent savoir quel est l’impact de la crise sanitaire sur la santé économique de l’entreprise. Qu’est-ce qui se trame dans telle entreprise ? Qu’est-ce qui se joue en cette période postconfinement ? Qu’est-ce qui est anticipé ? Quelle est la situation financière de l’entreprise ? Attentif·ves à la notion de risques, candidats et candidates veulent savoir si l’entreprise a été touchée et quelles décisions ont été prises. « Ils·elles attendent donc une communication précise sur la situation de l’employeur, ne voulant pas se trouver en période d’essai actuellement car ils·elles savent que les nouvelles recrues sont les premières sorties quand l’activité périclite », conclut Emmanuel Stanislas.
Sophie Girardeau
Publié le 25 juin 2020.